Bémont, C: Revue Historique, Vol. 129

Excerpt from Revue Historique, Vol. 129: Quarante-Troisième Année; Septembre-Décembre 1918

Le Père de La Rue, confident du Père La Chaise, écrivait à Bossuet, en date du 17 janvier 1701,1'année qui précéda l'insur rection, une lettre où il lui rendait compte d' une miss1on qu 'il accomplissait à Alais. La conduite de Mgr 1'évêque disait - il, est différente des autres, en ce qu i'l ne s 'est pas contenté de por ter ses diocésains au seul devoir de la messe et des sermons, mais en général à tous les exercices de la religion catholique. Il s'est fondé sur ce que les anciennes lois pénales, portées par les empe reurs et par les rois, et souvent demandées par l'église contre les hérétiques de toutes sectes, n 'ont jamais fait cette distinction d'avec les sacrements et autres exercices. Il s'appuie encore sur ce que les édits du roi qui obligent tous ses sujets à mourir catho liques, sous peine de confiscation de leurs biens,' les engagent à vivre entièrement catholiques. Sur ces principes, il ne recon naît pour catholiques que ceux qui en accomplissent tous les devoirs. 11 n'accorde les grâces, les attestations pour recevoir les pensions, les autres marques de distinction, la dé1ivrance des enfants qui avaient été ôtés aux pères et aux mères qu 'à ceux dont non seulement la personne, mais la maison entière, jus qu 'aux domestiques, s 'acquittent entièrement et habituellement, au moins depuis un an, de tous les exercices catholiques. 11 n 'est pas difficile de comprendre de quels sentiments pouvaient être animés les nouveaux convertis du diocèse d' Àlais, alors que son évêque se montrait aussi hostile à leur égard. 11 11 'existe pas de mémoire de l'évêque d'uzès sur la conduite a tenir vis - à - vis des nouveaux catholiques, mais il n'est pas douteux qu'il ne parta geât les sentiments des évêques de Nimes et d'alais; son attitude pendant l'insurrection n'en donna que trop de preuves. Ainsi les chefs des trois diocèses où les nouveaux catholiques étaient si nombreux, loin d'exercer un ministère de conciliation, n'at tendaient que de la contrainte la soumission des anciens protes tants à l' autorité de 1' Église. Il n 'est donc pas surprenant que le clergé ait suivi leur exemple, et le maréchal de Villars ne se trompait pas alors qu'il disait Les évêques sont les maîtres du Languedoc'.

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